Une augmentation du coût des intrants s'abat encore cette année sur le milieu agricole. Bien que la pression inflationniste se fasse ressentir dans tous les secteurs de l'économie, elle est particulièrement difficile pour certaines entreprises agricoles pour qui les marges de profits étaient déjà minces.
Face aux prix montants des fertilisants chimiques, des fermes se tournent vers des intrants moins connus; les matières résiduelles fertilisantes.
Les matières résiduelles fertilisantes, c'est quoi au juste?
Les matières résiduelles fertilisantes (mrf) sont des matières générées à la suite de divers procédés industriels ou municipaux et qui détiennent des propriétés fertilisantes intéressantes pour nos sols agricoles.
Ces matières peuvent, par exemple, être produites dans le cadre de procédés agroalimentaires, peuvent provenir de l'industrie forestière et papetière, ou encore directement des municipalités. Une diversité de matières existe et ces dernières possèdent des caractéristiques spécifiques et diversifiées. Sans le savoir, vous connaissez certainement déjà plusieurs mrf. En voici quelques exemples classiques : des cendres de bois, des poussières de cimenteries, des matières végétales comme des feuilles mortes provenant des municipalités ou des biosolides papetiers. Il existe une très grande diversité de matières accessibles au monde agricole. La valeur agronomique de ces matières varie énormément du fait qu'elles résultent de procédés complètement différents.
En bref, ce ne sera évidemment pas la même matière qui sera choisie en fonction de l'effet recherché sur les sols. Si l'on recherche un effet chaulant ou un apport en matière organique, ce ne sera pas la même matière qui sera priorisée!
Les mrf les plus connues sont sans doute les boues municipales, qui sont largement utilisées sur nos terres agricoles. Parce qu'elles contiennent des nutriments essentiels à la croissance des plantes et des taux importants de matières organiques, les boues municipales sont particulièrement intéressantes pour les producteurs agricoles qui ont besoin d'un apport en éléments sur leurs terres.
La question qui tue: on met du caca d'humains dans nos champs?
La question que tout le monde se pose en silence est évidente : "Est-ce qu'on met vraiment du caca d'humains dans nos champs"? Non, pas vraiment, en fait. De dire que les boues municipales sont du caca d'humains serait d'oublier que ces dernières ont subi des traitements physiques, biologiques et/ou chimiques. Comme le compost qui ne ressemble plus à un amas de résidus de table, les boues municipales ne sont pas dans leur état initial et le produit final est loin de ressembler au contenu d'une sortie d'égout. Ces boues subissent des traitements de dégrillage, de séchage, de compostage, et parfois même de combustion, dépendant des installations municipales concernées.
Sachant que les mrf sont utilisées et réglementées depuis déjà le début des années 80 au Québec, la pratique est bien encadrée. Et surtout, à regarder les tendances à la hausse des intrants minéraux … on devient moins dédaigneux!
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